La séquestration tourne mal, un patron décède d'une crise cardiaque...

Le patron de cette société n'avaient pas l'habitude de se laisser marcher sur les pieds.
D'ailleurs, quand c'était arrivé aux autres à la télé, il avait clamé à sa femme et à ceux qui étaient là pour l'entendre, qu'avec lui, ça ne se passerait pas comme ça.
Qu'il menait ses employés à la baguette et que d'abord, jamais ils n'oseraient et quand bien même, qu'il ne lui faudrait pas longtemps pour tous les remettre au pas.
Aussi quand les employés l'ont empêché de quitter l'usine ce vendredi soir, alors que femme et enfants l'attendaient pour partir à Deauville, il a laissé éclater sa rage.
Les employés, qui ne s'attendaient pas à tant de résistance, ont du se mettre à cinq pour le maitriser. Enfin quelques baffes plus tard, il était sagement ficelé sur une chaise au milieu des chaines de montage.
Sa mauvaise humeur avait cédé le pas à une hargne totale face au manque de reconnaissance des employés, à qui il avait pourtant garanti un salaire pendant tant d'années.
Les représentants des employés n'arrivaient pas malgré toute leur bonne volonté à entamer le dialogue. Il ne voulait pas les écouter et braillait des menaces à la cantonnée : Il les poursuivrait en justice, liquiderait pour de bon cette société et les enverrait tous pointer au chômage...
Alors les employés l'ont bâillonné. Il n'y avait rien d'autre à faire pour qu'il se taise. Son visage était écarlate de rage, ses cheveux collés par la sueur nerveuse qui coulait depuis le sommet de son crâne, jusque dans ses yeux et le long de ses tempes vers son cou. Il refusait d'entendre les revendications de ces hommes qu'il connaissait pourtant pour beaucoup par leur prénom.
Il refusait de sa calmer et luttait pour maintenir le maximum de sa résistance physique face à cette contrainte. Bientôt déshydraté, il ne réalisa pas tout de suite qu'il se sentait étrangement mal, après tout sa poitrine était oppressée depuis quelques heures déjà. Puis d'un coup la douleur devint intenable et il mit toutes ses forces à l'exprimer à ses geôliers.
De leur côté, les employés ne comprirent pas quel drame se jouait sous leurs yeux.
Les deux ouvriers chargés de le surveiller, pendant qu'on décidait des suites à donner au mouvement face à son mutisme forcé et à cette fin de non-recevoir leurs revendications, n'étaient pas des flèches, mais pas des méchants non plus. Ils crurent simplement que cet entêté de patron piquait encore une de ses crises et lui souriaient bêtement en l'encourageant à se calmer. Ce furent ses dernières images car déjà il n'entendait plus rien, deux sourires forcément cruels de son point de vue, avant que son cerveau ne disjoncte.
Pendant l'espace d'une longue fraction de seconde, les employés pensèrent qu'ils étaient parvenus à calmer leur patron, mais très vite, ils décelèrent une odeur forte d'urine mêlée d'excréments. L'un d'eux, qui avait bossé 2 ans auparavant dans une morgue ne s'y trompa plus. Paniqués devant l'inéluctable, ils appelèrent les responsables syndicaux du personnel, qui en référèrent aux responsables syndicaux du secteur, qui appelèrent les régionaux qui firent remonter l'information aux plus hautes instances syndicales nationales.
Une heure plus tard, devant une cohorte de journalistes, de caméras, de micros et de flashs crépitants, l'ambulance se fraya un chemin vers le portail de l'usine, avec à son bord, le corps sans vie de ce patron.

Demain les pouvoirs publics sanctionnaient gravement et pour l'exemple l'accident.
Les syndicats descendaient en nombre dans la rue avec à leur suite les étudiants, forcément inquiets pour leur avenir. Besancenot appelait à la révolution immédiate et... (à suivre ou à imaginer)

Peut-être mieux vaut-il trouver une solution avant que cela dégénère ? non ?
À mon humble avis, ça ne va pas tarder à déraper !

La crise s'est installée pour un moment et il faut s'attendre à ce que les plans de licenciements se développent tout au long de l'année.
Au début, il y a eu un patron pris en otage pour de bonnes raisons, la presse et les pouvoirs publics ont été cléments. L'opinion publique était favorable à ces "robins des bois" des temps modernes. Alors il y a eu une autre séquestration, puis une autre et encore une autre, et encore une, et ainsi de suite.
Tout le monde n'y voyait qu'un côté grand-guignolesque sympathique, peu osaient y déceler les prémisses d'une révolution, sauf ceux qui l'attendaient, voir l'appelaient de toute leur âme.

Mais personne ne semblait remettre en cause le côté bon enfant "désobéissance civile" de la chose. Jusqu'à ce regrettable accident, un petit drame qui mit le feu aux poudrières.

Commentaires

  1. c'est sur, ca peut arriver ! Mais à force de ne pas entendre les cris...

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  2. moi ce qui m'etonne c que ça ce soit pas déja arrivé !

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  3. "un cri court dans la nuit..."

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