Dépénaliser le cannabis, une question qui mérite d'être posée ?

Alors que nos voisins européens révisent leur position sur la question du cannabis et que la Belgique vient d'emboiter le pas de la suisse sur le chemin de la dépénalisation de la consommation, la France est encore extrêmement divisée sur la question.

Ces derniers mois, les publicités se sont multipliées pour dénoncer la dangerosité du fléau cannabis, allant parfois jusqu'à remettre en question les résultats d'études scientifiques sur la dépendance à ce produit. En effet, le message actuellement véhiculé dans les spots est que le cannabis entraîne une dépendance.

Ce que ces messages ne précisent pas, c'est que la dépendance est psychologique et non physique à l'instar de drogues comme la cocaïne ou l'héroïne, auxquelles certaines associations anti dépénalisation tentent d'assimiler le cannabis... avec à mon avis un premier effet pervers, celui de créer un amalgame dangereux dans la tête des jeunes qui sont de plus en plus nombreux à expérimenter la fumette.

En effet, vous ne trouverez pas beaucoup de personnes, parlant en connaissance de cause, à savoir en ayant déjà expérimenté le cannabis, qui vous diront avoir ressenti une dépendance physique à ce produit stupéfiant. Aussi, si l'on classe cette drogue sur le même plan que celles que l'on nommait autrefois des drogues dures par opposition justement aux drogues dites douces, cannabis et haschich, comment veut-on que la dangerosité, pourtant avérée de ces autres substances ne soit pas remise en cause par les jeunes. Ce qui pourrait expliquer la forte accélération de la pénétration des drogues dures auprès d'un public toujours plus jeune.

Quant à la dépendance psychologique, rappelons qu'elle n'est pas l'apanage des produits dits stupéfiants : alcool, médicaments, tabac, café, thé, jeu, Internet, jeux vidéos, shopping (achat compulsif) ou même l'amitié et l'amour sont susceptibles d'engendrer une dépendance.

Alors pourquoi pénaliser? La grande question reste de savoir si le cannabis est une porte d'entrée vers la consommation de produits toujours plus dangereux. Et il n'est pas si facile de trancher. Il est effectivement rare qu'un consommateur de cocaïne n'ait déjà consommé du cannabis... sauf que différentes études récentes tendent à démontrer que dans les nouvelles tendances de toxicomanie, les nouveaux utilisateurs de drogues dites dures, ne sont pas forcément passés par la case drogues douces, à moins de considérer l'alcool comme une drogue.

Donc à mon avis, si l'on voulait être totalement cohérent avec notre politique actuelle, le tabac et l'alcool devraient être interdits... mais nous savons que certains lobbies sont trop puissants pour qu'une telle mesure soit envisageable.

Et puis, est-ce que le "tout interdit" est vraiment ce que nous souhaitons comme règle de prévention pour notre société ou est-ce seulement la seule issue possible quant on laisse capituler notre volonté d'éduquer?

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